La planète

 

ALAIN LIPIETZ
CANDIDAT A LA CANDIDATURE DES VERTS AUX PRESIDENTIELLES DE 2002

Réponse à Yves Frémion
candidat au premier tour

Chères et chers ami-e-s,
D
ans un souci de transparence, je vous joins une lettre qu'Alain Lipietz m'a proposé d'envoyer pour vous.
Yves Frémion

LETTRE D'ALAIN LIPIETZ AUX ELECTEURS D'YVES FREMION

Amies et amis vert(e)s,

Je remercie mon vieil ami Yves d'avoir bien voulu vous transmettre cette lettre.
J'ai conscience que ni Noël Mamère, ni moi, ne sommes exactement les candidats de votre cœur et de votre raison. Je voudrais pourtant tâcher de vous persuader que je ne serai pas, des deux, le plus loin de vos attentes.

Je passe rapidement sur les exigences éthiques énoncées par le texte d'Yves. Vous le savez : je n'ai jamais cumulé, pas même conseiller municipal et conseiller régional ! Pour moi, ce n'est même pas de l'éthique, simplement la conscience de mon incapacité physique à faire correctement et avec le même enthousiasme deux boulots à la fois. C'est aussi le souci de laisser la place à des nouveaux… et des nouvelles !!

A Villejuif, on entretient une pratique oubliée : la rotation… Par ailleurs j'ai toujours scrupuleusement respecté les consignes du mouvement, en particulier pour les reversements : c'est que j'ai toujours considéré mes postes électifs comme une conséquence de mon appartenance aux Verts.

Venons-en au plus difficile. Yves et moi avons eu une appréciation différente de l'accord Verts-PS de 1997 et de la participation gouvernementale. Côte à côte, nous avions pourtant bataillé contre l'orientation " ni droite ni gauche " qui prévalait à la direction des Verts à l'époque de Waechter. Tous les deux, nous avions, aux premières lignes, soutenu la campagne de Dominique Voynet en 1995. Une campagne radicale de la jeune écologie politique, une campagne fière de son originalité, de son insolence, mais aussi - déjà ! - riche de contenu, de propositions, pour un monde meilleur, plus serein, plus responsable, plus solidaire et plus joyeux !

Yves et moi (nous le rappelons chacun dans nos textes) pensions que l'alliance à gauche était possible, mais sur la base d'une affirmation autonome de l'écologie politique, sur la base d'un rapport de force. En 1997, j'ai dit : "Oui, maintenant, ça vaut la coup d'être tenté". Pas lui, et sans doute pas la plupart d'entre vous. Je pense pourtant que cette alliance nous a permis un bond en avant dans la conquête de la majorité culturelle. Yves et moi (nous l'avons constaté ensemble dans le début des primaires) nous sommes d'accord sur ce point : les questions des Verts sont maintenant partagées par tous. Reste à faire partager nos réponses. Reste à faire admettre que nous sommes à même de les appliquer en personne. Avec des alliés, oui. Mais pas en " supplément d'âme " de la vieille gauche, pas en petits râleurs qu'un Grand Frère socialiste emporte sur son porte-bagages. Aujourd'hui tétanisés par nos propres succès, le PS et le PCF semblent incapables d'incarner le rêve d'un changement de société. Notre heure est venue. Celle de l'espérance verte.

Ainsi, nous nous retrouvons, Yves et moi. Le rapport de force a changé, effaçant nos divergences d'appréciation. Nous pouvons aujourd'hui nous poser en alternative crédible et légitime de la gauche classique dans les institutions, et de l'extrême gauche dans l'orientation des mobilisations sociales.

Oui, l'écologie est l'axe autour duquel va tourner le débat politique des années 2000. Dans les institutions comme sur le terrain. Immense responsabilité pour nous ! Il paraît impudent de dire : " Les Verts y sont prêts ". Nous ne serons jamais assez hardis et compétents pour sauver la planète, faire reculer la fracture Nord / Sud, retisser une société déchirée. Mais nous avons la pêche.

Et, des deux candidats, je crois avoir poussé le plus loin le travail d'élaboration collective des solutions, face au chômage et à la dégradation de notre environnement, face au libéralisme et à la technocratie d'État. Je crois avoir le mieux incarné depuis 20 ans l'autonomie de l'écologie, sa capacité à proposer une alternative. Je crois être le mieux apprécié dans les mouvements sociaux qui nous sont proches : associations de défense de l'environnement, syndicalistes de transformation sociale, féministes, régionalistes, tiers-mondistes, militants de Droits Devant !!, etc. Je crois être le mieux à même d'intimider les adversaires et de capter l'intérêt par la rigueur de nos propositions, d'enthousiasmer pour le monde que nous proposons de bâtir.

Je ne suis pas Yves, mais dans les choix difficiles de tous les seconds tours, je crois être un bon substitut. " Au premier tour, on choisit ; au second tour, on élimine ", dit-on ? Je crois que vous pouvez choisir aussi, positivement, ma candidature.

Alain LIPIETZ